Le cheval narrateur dans la littérature

De l’antiquité homérique à nos jours, le cheval peuple nos récits, nos poèmes et nos romans. Mais s’il est souvent le reflet des caractéristiques de son cavalier ou de son propriétaire, la place qu’il occupe change aussitôt qu’un auteur lui attribue la parole. Un survol même relativement rapide de la littérature européenne et nord-américaine révèle, de façon peut-être surprenante, à quel point les chevaux y ont pris la parole, des chevaux d’Achille dans l’Iliade aux Houyhnhnm que rencontre Gulliver. Or, ce choix de donner la parole à tout animal est éminemment paradoxal : en effet, attribuer des facultés humaines à un cheval permet de communiquer une perspective que lui seul peut transmettre, mais atténue ce qui fait du cheval un cheval, en le rendant plus humain. Il est donc entièrement légitime de se demander : quand il parle, que nous dit le cheval que nul autre ne peut exprimer ? Ces récits où il prend la parole traduisent-ils sa nature profonde ou révèlent-ils un simple anthropomorphisme à des fins tout aussi humaines ? Pourquoi conférer à un cheval assez d’humanité pour en faire un narrateur ou personnage ?